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A la mémoire d'Alain


Publiée le par LIONEL THEILLAUMAS

A la mémoire d'Alain

Mesdames, Messieurs, je vous salue !

Avant d’évoquer la mémoire de mon Ami Alain, Marc LORTHIOIR, Président de la Famille des Yvelines, vous prie de l’excuser pour son absence et adresse à Françoise et toute sa famille, ses condoléances. Marc habite à 900 km et l’âge ne lui facilite pas les voyages. Mais il est de tout cœur avec nous ce jour.
C’est la troisième fois que je me retrouve à cette place pour évoquer la mémoire d’un membre des Archers de Guyancourt. Il y avait d’abord eu le petit Léo, puis Maurice. J’avais alors déclaré qu’en tant que Président d’une association telle que les Archers de Guyancourt, c’est la tache la pire qu’il m’arrivait. Aujourd’hui, la tache ne m’est pas plus aisée, bien au contraire !
Il y a quelques temps, un proche, disparu récemment, avait répondu alors que quelqu’un évoquait avec lui « son bel âge », il avait répondu :
« L’important, ce ne sont pas les années qu’il y a dans une vie, non, l’important, c’est la vie qu’il y a durant toutes ces années ». J’ai trouvé cela très beau comme réponse.
Et Alain, de la vie, il en a eu durant ces années sur Terre. Vie de Famille, vie professionnelle (Alain nous parlait toujours des collègues de la SNECMA), une vie associative aussi avec la pratique du Tir à l’arc puis une place de trésorier de l’association durant des années.
C’est en septembre 1996 qu’Alain et moi avons croisé notre chemin.
Je venais d’intégrer la Compagnie des Archers de Guyancourt. Début février 1997, tout timidement, je demande à la Présidente de l’époque,si je peux offrir un verre pour fêter la naissance de notre troisième enfant. Nous profitons Alain et moi pour faire plus amples
connaissances. Et nous rions de bon cœur quand nous découvrons la multitude de points communs que nous avons.
Nous découvrons d’abord que nos Épouses respectives ont le même prénom, Françoise.
Puis nous enchainons sur nos enfants et sur la petite dernière qui était la cause de ce moment de convivialité : « Oh, Dominique, ta fille se prénomme Anne ! Tu verras, j’en suis certain, elle va être adorable. Mais je te préviens, à l’adolescence, voire avant, je te souhaite bon courage, car elle aura du caractère ! ». Je ne sais et je ne veux pas savoir, si Alain voyait l’avenir dans le marc de café ou pas, mais Anne, la nôtre, on n’a pas attendu l’adolescence pour nous montrer qu’elle avait du caractère, toute petite déjà, elle l’a bien fait comprendre. Et en grandissant, quand je racontais à Alain un fait qui venait de se passer à la maison, avec un petit sourire en coin, j’avais droit « Tu étais prévenu, tu n'as pas à être surpris ». Et nous partirions dans un fou-rire complice.
Alain, ses débuts dans le tir à l’arc remonte à septembre 1992. Régulièrement, il nous disait « pour moi, c’est facile, je suis de la promotion Sébastien Flute, Post Jeux Olympiques de Barcelone donc ».
Passionné par ce sport, Alain est remarqué par son Engagement au niveau de la Compagnie et mais aussi pour les valeurs humaines telle que l’Amitié (avec un grand A), honnêteté, humilité, sincérité, respect.
Et c’est tout naturellement qu’Alain devient Chevalier de la Famille des Yvelines en 2002.
En 2008, la Compagnie des Archers de Guyancourt traverse un passage mouvementé. Il ne reste que 3 personnes pour diriger l’association. A plusieurs, nous partageons le même sentiment : ce n’est pas possible de continuer comme ça, voire de mettre la clef sous la porte. Et nous commençons à regarder comment on pourrait construire ou reconstruire quelque chose, comment on pourrait se répartir les rôles. Si, naïvement, je n’avais pas vu le coup venir et ne m’imaginai pas du tout devenir Président, Alain m’avait très tôt rassuré
en me disant « si on est une équipe soudée à être élu, j’accepte de prendre la trésorerie ». Quel soulagement d’avoir entendu cela !
La suite, nous nous réunissons à la maison pour ce que certains appellerons plus tard « l’opération BX », et le 27 mars 2008, nous sommes élus. Alain se retrouve Trésorier (il y restera jusqu’à novembre 2024) et je me retrouve Président.
Que de coups de fils nous avons échangé, que de réunions impromptues nous avons fait et terminé autour d’un apéro qui s’éternisera ! C’est même arrivé que je me sente obliger d’écrire un mot d’excuses à Alain pour que Françoise soit indulgente avec lui (je ne me rappelle plus mais nous avions dû trainer jusqu’à 13h30 ou 14h00, refaire le monde prend du temps). Et je sais que Françoise a gardé cette lettre d’excuses précieusement.
Si Alain me disait souvent « Même si tu as changé de métier, on a eu chacun une expérience de bureaux des méthodes et c’est pour cela qu’on a des points communs », ce n’est pas pour cela qu’on était toujours d’accord. J’avais l’habitude de dire « moi, je ne compte pas,
les sous ce n’est pas mon truc, ce qu’il faut c’est fixer un cap ». Là, je savais qu’Alain allait réagir, au quart de tour. Rassurez-vous, je ne faisais pas du « quoi qu’il en coûte », non, pas du tout. Mais Alain et moi partions dans des échanges où, sur le fond, on était d’accord
mais on chipotait (surtout moi, je l’avoue) sur les termes employés.
Alain disait : « On embauche un entraîneur, cela nous revient à 5500 € l’année, ça coûte ». Et moi, je répondais « Nous sommes association loi de 1901, on n’a pas à faire de bénéfices, donc je te demande de le formuler autrement et je disais « Nous investissons 5500€ pour
garantir la présence d’un entraineur durant toute une saison ».
L’optimisme n’était jamais ce qu’Alain mettait en avant à chaque rentrée. Après le forum des associations, c’était soit disait une catastrophe, on sera peu d’adhérents cette saison et en réunion, on ajoutait toujours, « Alors, la projection en comptant les réinscriptions, ça conne quoi ? ». Et il finissait par dire « Si telle, telle et telle famille se réinscrivent – J’en faisais parti et cela faisait 4 inscriptions de plus – cela fera 90 inscrits au lieu de 92 l’année précédente. Nous on était rassuré, Alain non, car il ne comptait que ce qui était réellement enregistré.
A tel point que Bruno, Ancien secrétaire du club, me disait souvent : quand on est en réunion du comité directeur, on a en face de nous un vieux couple « Alain et Dominique » qui nous font vivre les aventures de Maria et Christian des Bodin’s, versions Archers de Guyancourt.
A travers ces anecdotes, vous l’avez bien compris, c’est la droiture d’Alain que l’on voit et son objectif : mener à bien la mission qu’il avait, l’approximation n’y ayant pas la place. Et je le répète : quand on est Président, j’avais l’habitude de dire « Alain Trésorier, je peux dormir
tranquille, c’est une affiliation à la sécurité sociale ! ».
Bruno parlait de vieux couple ! je me rappelle avoir fait une bonne blague, plusieurs fois, en voulant qu’Alain nous mette en avant son accent anglais. Lorsque Lionel Torres vient deux fois par an, les factures sont établies non pas à son nom propre mais au nom de son enseigne « Archery Coaching ». Et durant plusieurs réunions, j’ai joué celui qui avait un trou de mémoire, « Alain, comment ça s’appelle quand on règle l’entraineur deux fois par an ? ».
On a eu droit à toute une déclinaison des prononciations possibles.
Archery, là, ça allait. Mais la suite, le coaching se transformait en cohaaaching ». Jusqu’au jour où j’ai avoué le faire volontairement pour travailler son accès anglais. Je vous laisse imaginer le regard noir qu’il m’avait alors jeté.
Je ne vous narrerai pas toutes les aventures dans laquelle nous nous sommes lancées, tous les concours, championnat régionaux, sortie du bouquet, Tir du Roy et de la St Sébastien que nous avons organisé et aussi leurs lots d’aléas.
En revanche, ce que je tiens à redire, dès qu’il y avait un chantier à engager, Alain était toujours partant, on pouvait compter sur son soutien sans faille.
Malheureusement, la maladie est survenue. En octobre dernier, Alain avait repris le chemin des pas de tir. Il est venu tirer quelques flèches, on voyait bien que cela lui faisait un énorme plaisir.
Début mars, je suis passé voir Alain avant de partir 10 jours à la montagne. Il était certes affaibli, mais je vous assure c’était bien Alain que j’avais devant moi : « Regarde-moi ça, il est 15h30, on m’apporte le thé et le gouter, bientôt, ils vont le servir dans un thermos le midi
pour pouvoir finir la journée plus tôt ».
Et ces deux heures auront été le moment de notre dernier fou-rire. Je venais d’expliquer à Alain nos déboires avec la clôture anti-sanglier autour du jardin d’arc. Elle avait été posée sur une demi-périphérie du jardin d’arc. On a ri car les sangliers ne sont pas idiots, ils sont allés là où ils pouvaient passer et ont ravagé tout le terrain. Mais je sortais d’une réunion avec les services municipaux et ils attaquaient la fin de la clôture la semaine suivante ainsi que la remise en état de la pelouse. Et là, je dis à Alain : il reste une chose qui m’inquiète, c’est qu’ils sont capables de poser la clôture et d’enfermer un sanglier dans l’enceinte. Alain et moi avons alors partager nos derniers rires complices.
Alain, après avoir tant œuvrer pour le tir à l’arc, tu es parti rejoindre Saint Sébastien, notre Saint Patron. Je suis certain qu’il est fier d’avoir auprès de lui un serviteur comme tu l’as été et qu’il vieillera sur toi comme tu le mérites.
Chevalier Alain, Ami Alain, je te salue !

Dominique

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